Nicolas Sauret <nnicolaoss@gmail.com>

Re: [SavoirsCom1] Revue Sens Public - Dossier sur les communs (Parution dec. 2018)
2 messages

Sylvia Fredriksson <sylvia.fredriksson@gmail.com>9 juillet 2018 à 08:13
À : Lionel Maurel <calimaq@gmail.com>
Cc : Rieul TECHER <rieul.techer@protonmail.com>, Nicolas Loubet <nicolas.loubet@gmail.com>, Nicolas Sauret <nnicolaoss@gmail.com>, Alexandre Monnin <aamonnz@gmail.com>
Bonjour Lionel,

Merci pour tes retours.

Oui, je pense qu'il est bienvenue de partager ce message à la liste des contributeurs.
D'autant plus que j'ai l'impression que certaines intuitions sont partagées par d'autres.

Je pense notamment au point que tu soulèves sur "l'enclosure académique des Communs" et cette idée de Commons Studies pour poser les enjeux épistémologiques spécifiques à l'étude des communs. À Lyon par exemple, c'est une question qui s'est posée à plusieurs reprises avec la Myne tente a faire reconnaitre son statut de communauté de recherche.
Je crois que cette notion de communauté de recherche sous-tend notamment un autre rapport au terrain, à l'engagement. Sujet que nous avons commencé à abordé avec Alexandre Monnin à COOPAIR (réciprocité vis à vis du terrain, soin, quelle violence de l'enquête par rapport au terrain, etc) Sans parler des formes de patrimoine informationnel commun qu'il s'agirait d'imaginer pour la recherche.
Je pense que cette question des Commons Studies pourrait faire l'objet d'un axe à part entière de l'argument, tant elle me semble partager par plusieurs acteurs selon des modalité différentes.
J'ajoute Rieul / Alexandre / Nicolas dans cet échange avec qui nous avons beaucoup discuté de la question.

Je reporte su le pad les différents enjeux que tu soulèves par ailleirs (rapport de pouvoir / capabilité / le rôle des éditeurs...) que nous remobiliserons lors des prochains échanges.
Merci à toi

Sylvia



Le 9 juillet 2018 à 13:15, Lionel Maurel <calimaq@gmail.com> a écrit :
Bonjour Sylvia,

J'ai lu l'argument du projet et je comprends mieux à présent où vous voulez aller avec ce numéro de Sens Public.

Le thème de "l'écriture des Communs" ou de "s'écrire en tant que collectifs" ou "l'écriture comme pratique collective" est vraiment intéressant.

Cela me fait immédiatement penser à ces dizaines et dizaines de textes que l'on a écrit sur des pads dans SavoirsCom1. C'est même resté pendant longtemps le coeur même de notre pratique du Commun. J'ai souvent pensé que c'était un lieu où des pouvoirs s'exercent et je suis bien placé pour en parler, car j'ai une certaine faculté à écrire et que cela m'a toujours donné une place à part dans les collectifs par lesquels je suis passé (au point de parfois me sentir mal à l'aise, car c'est aussi une manière d'accaparer un certain pouvoir par la capabilité).

Il y aurait d'ailleurs grand intérêt à relier cette question de l'écriture dans les Communs avec les "Communs de capabilités" de Geneviève Fontaine, car en général, l'accès aux fonctions les plus élevées de gouvernance dans un collectif est lié à la maîtrise des capabilités d'écriture et cela peut constituer un vrai frein à la contribution.

Cela me fait aussi penser à Louise Merzeau qui était si douée pour "régler" un texte et l'amener exactement au juste positionnement, en arrivant à susciter le consensus par la précision des mots.

Cela me fait aussi penser aux Wikipédiens, bien sûr, qui constituent par définition une "communauté d'écriture"  et également au monde fascinant des auteurs de fanfictions qui s'organisent en communautés d'apprentissage autour de la pratique de l'écriture.

Cela me fait penser aussi à des échecs d'écriture ou à des "blocages d'écriture" : le mal que nous avons par exemple depuis des années à écrire une nouvelle licence à réciprocité, qui doit bien vouloir dire quelque chose, et plus proche de nous, le mal que nous avons à nous lancer pour écrire cet article sur les Communs et les Non-Humains, alors que nous en avons manifestement envie, mais c'est comme si l'étincelle ne se produisait pas.

Je pense aussi à une autre question importante : depuis quelques années, il y a une véritable prolifération des écrits académiques sur les Communs. Je fréquente d'ailleurs de plus en plus ces chercheurs sur les Communs, sans être vraiment l'un des leurs. Parfois, cela me donne un sentiment de malaise, car jusqu'à présent, les gens qui écrivaient sur les Communs étaient aussi profondément des commoners : des personnes comme Hervé le Crosnier ou Valérie Peugeot. C'est en train de changer et je me demande si cela ne va pas déboucher sur une sorte "d'enclosure académique des Communs" si l'on y prend pas garde.

C'est un vrai point d'attention à garder : il y a une "tension épistémologique" intrinsèque dans le monde des Communs, car les commoners produisent leur propre connaissance d'eux-mêmes et le statut de cette connaissance auto-produite est difficile à articuler avec la connaissance produite "de l'extérieur" par les chercheurs. C'est la raison pour laquelle je pense qu'on ne peut pas produire de la connaissance sur les Communs comme sur n'importe quel objet. Cela questionne la place même du chercheur par rapport à son objet, peut-être plus fortement encore que dans les autres champs des sciences sociales.

Or nous n'avons pas encore de Commons Studies, spécifiquement identifiées, qui aurait clairement posé ces enjeux épistémologiques.

On pourrait aussi questionner le rôle des éditeurs qui se spécialisent peu à peu dans les publications sur les Communs (Les liens qui libèrent, les Éditions du Communs, La Découverte, C&F Editions, les éditions Charles Léopold Meyer, etc.).

J'ai eu peur que mon idée initiale (aller voir ce projet Wespr qui utilise la BlockChain pour transformer les oeuvres en DAO) soit finalement hors-sujet, mais finalement, je ne pense pas, car c'est une manière de transformer l'oeuvre écrite en institution délibérante et donc de "communaliser l'oeuvre" d'une manière bien plus profonde que ne le permettent les seules licences libres. Cela questionne la distinction de la communauté et de la ressource en les "fusionnant". Donc je pense que ça marche encore, mais je verrai une fois que je les aurais rencontrés.

Désolé pour ce mail trop long, mais la lecture du pad m'a fait venir pas mal d'idées.

J'essaie d'en faire quelque chose ? Je partage ce mail tel quel aux autres ?

Bien à toi,

Lionel



Le 9 juillet 2018 à 12:42, sylviafredriksson <noreply@forum.lescommuns.org> a écrit :
sylviafredriksson
juillet 9

Suite à notre dernier rendez-vous téléphonique du 27 juin, nous revenons vers du pour amorcer le processus contributif à la revue Sens Public.

Notre proposition d’organisation :

  • un rendez-vous hebdomadaire, le mercredi à 18h, à partir du 18 juillet, pour avancer sur le dossier.
  • un espace de contribution à distance (pads partagés) :

Prochaines étapes :

Du 9 au 18 juillet : nous invitons les contributeurs.trices qui le souhaitent :

18 juillet 2018 (18h-19h) : rendez-vous téléphonique (ouvert à tous). Ordre du jour :

  • discussion autour de l’argument et finalisation
  • point sur les contributions/contributeurs.trices proposé.e.s

25 juillet 2018 (18h-19h) : rendez-vous téléphonique du comité de pilotage (ouvert à tous)

Nous restons à votre disposition. Bien à vous, et bel été !
Sylvia (06 09 42 08 62) et Nicolas


Voir le sujet ou répondre à ce courriel pour répondre.


En réponse à

sylviafredriksson
juin 27
Bonjour, Pour les membres de SavoirsCom1 qui souhaitent participer à la construction du dossier sur les communs de la revue Sens Public, un appel est programmé ce mercredi 27 juin à 18h. Pour nous rejoindre, vous pouvez : soit vous connecter depuis votre navigateur à partir de cette url : https:/…

Voir le sujet ou répondre à ce courriel pour répondre.

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Rieul TECHER <rieul.techer@protonmail.com>19 juillet 2018 à 10:47
Répondre à : Rieul TECHER <rieul.techer@protonmail.com>
À : Sylvia Fredriksson <sylvia.fredriksson@gmail.com>
Cc : Lionel Maurel <calimaq@gmail.com>, Nicolas Loubet <nicolas.loubet@gmail.com>, Nicolas Sauret <nnicolaoss@gmail.com>, Alexandre Monnin <aamonnz@gmail.com>
Bonjour à toutes et tous,

Merci @Sylvia pour l'intégration à la boucle.
Je me permets de rebondir succinctement pour vous partager ce document en cours de construction qui fait suite à ce séminaire dans le cadre duquel nous avons la (mal)chance -ou du moins le traumatisme - d'intervenir, avec une posture sur laquelle on ne nous attendait pas :-) Pour information, ce document est la transcription d'une modeste "tribune" à 3 voix (sou)tenue par Sylvia, Charlotte et moi-même.

Au plaisir de poursuivre les échanges. Je profite de l’accalmie estivale pour parcourir les documents partagés.

Merci encore.

Rieul TECHER
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